Les professionnels et la prise en charge
Des informations fiables et pratiques sur l'audition et les problèmes auditifs

Par le Docteur Mireille Tardy, ORL-Phoniatre et membre du bureau de la JNA
2 – le diagnostic : il m' oriente pour cela vers un ORL (médecin spécialisé en Oto-Rhino-Laryngologie)
L'examen ORL et l'examen audiométrique.
Le médecin ORL, après m'avoir à nouveau interrogé sur mes symptômes, va procéder à un examen ORL complet.
Ensuite, il procèdera à un examen audiométrique qui comporte lui-même plusieurs examens :
- Tout d'abord un audiogramme tonal : il me fait entrer dans une cabine insonorisée et il place un casque sur mes oreilles ; il me demande de lui manifester dès que j'entends le bruit (calibré en fréquence et en intensité) qu'il m'envoie dans une oreille puis dans l'autre à partir d'un appareil appelé audiomètre. Il reporte mes réponses sur un diagramme et obtient ainsi la courbe de mes seuils auditifs pour chacune de mes 2 oreilles, courbe située par rapport à la courbe des seuils normaux ; ceci me permet de visualiser mes seuils et donc mon déficit.
- Parfois, il procède aussi à un audiogramme vocal, me demandant de répéter des mots qu'il prononce généralement hors de ma vue, (sinon il apprécie l'aide que m'apporte la lecture labiale), et il note sur un graphique le pourcentage de mots que j'ai reconnu selon l'intensité à laquelle il me les prononçait. Il en déduit le pourcentage d'intelligibilité, et la présence ou l'absence de distorsions dans la reconnaissance des mots.
- Il peut aussi procéder à un examen impédance-métrique (examen du fonctionnement de la chaîne tympano-ossiculaire) qui comprend lorsqu'il est complet un tympanogramme et la recherche du (ou des) seuil(s) du réflexe stapédien. Souvent, ces examens nécessitent d'être réalisés en 2 temps et il me faudra revenir.
La conclusion de ces examens : le diagnostic
Dans la plupart des cas, le diagnostic de surdité, de son importance, de son siège et de son type, voire sa cause, sont possibles dès ce stade. Dans d'autres cas, le médecin ORL me demandera d'autres examens qui l'aideront à préciser les choses :
- Potentiel évoqué auditif précoce (PEAP) qu'il peut parfois pratiquer lui-même si il est équipé ou pour lequel il m' adressera à un confrère hautement spécialisé, le médecin audiométriste.
- scanner des rochers ou IRM (rochers, fosse postérieure en particulier).
- dans d'autres cas encore, il me proposera de passer divers examens qui lui permettront de connaître si ma surdité est isolée ou si elle est associée à diverses autres pathologies qui permettraient de la reconnaître comme une surdité « syndromique » connue et de me conseiller en conséquences. Un bilan génétique peut compléter alors le bilan. Pour tout cela , il peut se mettre en rapport avec mon généraliste traitant pour que celui-ci s'occupe de me prescrire et de coordonner la réalisation de ce bilan étiologique.
La conclusion = le diagnostic et la conduite à tenir pour remédier à mon état:
Au vue de ces résultats, lorsque je le reverrai, le médecin ORL m' exposera ce qui peut m' être proposé pour remédier à mon état :
- Dans le cas d'une surdité de transmission, généralement : traitement médicamenteux ou chirurgical selon mon atteinte. Si il y a lieu il se chargera le cas échéant d'une intervention chirurgicale ou me conseillera de m'adresser pour cela à son correspondant hospitalier dans le cas d'une intervention délicate ou peu fréquente ou dont il ne se charge pas lui-même. La réhabilitation est souvent indiquée dans les suites, parfois seule indiquée.
- Dans le cas d'une surdité de perception :la réhabilitation auditive et de la communication sont généralement seules indiquées et il me prodiguera ses conseils, m'adressant alors aux professionnels concernés au premier rang desquels l'audioprothésiste et/ ou l'orthophoniste. Il peut prescrire l'appareillage ou les séances d'orthophonie, ou demander à mon généraliste traitant de le faire.
Cependant, selon la cause, un traitement médicamenteux peut être indiqué. Il se mettra en rapport avec mon médecin traitant pour cela, surtout si une autre pathologie générale peut expliquer ou aggraver ma surdité.
Il peut me conseiller sur un mode de vie plus adapté à ma surdité.
Enfin, si pour tous ces soins, il pense opportun de demander une exonération du ticket modérateur pour l'ensemble des soins en rapport avec ma surdité, il en avertira mon médecin traitant généraliste qui remplira le protocole de demande pour ma Caisse de SS.
Par contre, si je réponds aux critères, il peut remplir lui-même mon dossier pour la MDPH ou en laisser le soin à mon médecin traitant ; de même que les divers dossiers pour m'aider à financer mon appareillage.
Le suivi : indispensable.
Régulièrement, je reverrai mon ORL (en lien avec mon généraliste) afin qu'il s'assure de mon bon état ORL et de l'évolution de ma surdité qui peut ne pas évoluer ou au contraire s'aggraver au fil des années. Dans ce cas, il peut me prescrire un traitement ou le demander à mon généraliste ; il peut aussi me conseiller de revoir rapidement mon audioprothésiste pour faire régler mes appareils (ou les changer si besoin selon sa prescription ou celle qu'il demande à son correspondant généraliste). Il peut me donner des conseils de prévention de cette évolutivité en fonction de mon mode de vie.
Si ma surdité n'est pas évolutive, et si je suis adolescent ou adulte, 1 contrôle par an suffit. Dans le cas d'un enfant, les contrôles doivent être plus fréquents en fonction de l'âge. Si ma surdité s'aggrave, il me fixera le rythme des consultations de contrôle.
NB : je peux consulter un médecin ORL en libre accès (sans passer par mon généraliste). Mais la SS me considèrera hors parcours de soins coordonnés et je serai moins bien remboursé (sauf les moins de 16 ans).
Source :JNA