Les professionnels et la prise en charge
Des informations fiables et pratiques sur l'audition et les problèmes auditifs

Par le docteur Mireille Tardy, ORL-Phoniatre et membre du bureau de la JNA
Le parcours de soins coordonnés a été institué par la loi de réforme de l'Assurance maladie du 13 août 2004. Les bénéficiaires d'une couverture maladie sont invités, à partir de 16 ans, dans le cadre d'un parcours de soins coordonnés, à choisir un médecin traitant. Il sera consulté préférentiellement, notamment avant toute consultation d'un autre professionnel vers lesquels il orientera le patient en cas de besoin. Le respect de ce dispositif conditionne la prise en charge normale des dépenses de santé par la Sécurité sociale. En cas de non respect de ce parcours, le montant des remboursements est diminué.
Le patient choisit son médecin traitant, généraliste ou spécialiste. Plus de 99 % des patients ont déclaré un médecin généraliste. Il a un rôle central dans le suivi médical du patient. Il n'est pas seulement celui qui soigne, il est également celui qui coordonne les soins et s'assure du suivi médical optimal.
En pratique que dois-je faire ?
Le parcours de soins coordonnés théorique du patient atteint de surdité comporte plusieurs étapes (dépistage, diagnostic, réhabilitation, accompagnement), qu'il convient de respecter et de déclencher à la suite immédiate l'une de l'autre, sans perte de temps.
1 - Le dépistage et l'orientation : j'en parle à mon médecin « de proximité », mon médecin traitant généraliste. Celui-ci est au coeur du dispositif du "parcours de soins coordonnés" des patients de plus de 16 ans, pour l'Assurance Maladie.
Les circonstances
- J'ai des difficultés à comprendre ce qu'on me dit,
- J'ai une hypersensibilité aux bruits et/ou des bourdonnements qui me gênent pour entendre,
- En raison de ma ou mes pathologies générales, mon médecin m'a fait écouter quelques bruits et il lui semble que mes réponses sont un peu faibles. Je confirme que parfois je suis gêné.
- C'est le résultat du dépistage systématique fait à l'école ou au travail qui a amené le médecin à me conseiller de revoir mon médecin traitant.
- J'ai fait réaliser un dépistage gratuit par un audioprothésiste, qui m'a réorienté vers mon médecin traitant.
L'interrogatoire
- Je décris ma gêne. Je me souviens de la date et des circonstances de début, de l'évolution de ces troubles.
- Je n'oublie pas de préciser si j'ai aussi des bourdonnements d'oreille (acouphènes) ou de l'intolérance à certains bruits qui me paraissent beaucoup trop forts (hyperacousie) .
- Mon généraliste me posera probablement d'autres questions sur l'évolution de ma santé en général, sur l'existence d'autres symptômes associés (vertiges ou autres), etc.
L'examen
- Il examinera mes oreilles (otoscopie) et fera un examen médical général, prendra ma tension, etc.
- Parfois il complètera son examen par un dépistage auditif (acoumétrie) : il fera répéter des mots qu 'il prononcera près de mon oreille en voix chuchotée, ou examen au diapason, ou encore dépistage à l'aide d'un audiomètre de dépistage « à main » en testant l'audition des sons conversationnels.
La conclusion – La conduite à tenir - Le suivi
- Si l'otoscopie révèle des bouchons dans le conduit auditif, le médecin généraliste peut les enlever par divers moyens lors de la consultation. Si l'otoscopie révèle des lésions de l'oreille externe (pavillon, conduit auditif externe) ou de l'oreille moyenne (tympan, le reste n'étant plus accessible à la vue), il prescrit un traitement et s'assure ultérieurement de l'évolution de mon état.
- Il peut également m'adresser immédiatement à l' ORL pour bilan auditif .
Avant 16 ans, le recours au pédiatre et à l' ORL sont en accès libre au regard de la Sécurité sociale et du parcours coordonné.Si je suis en activité, en milieu bruyant ou non, je peux aussi en parler à mon médecin du travail. Si je suis collégien lycéen ou étudiant, je peux aussi en parler à l'infirmière scolaire qui saisira le médecin. Dans tous ces cas, après un examen clinique et de dépistage, je serai réorienté vers mon généraliste puis mon ORL.
Le suivi
Une fois le bilan ORL terminé, le médecin généraliste est informé et peut donner suite au parcours de soins :
- une suite médicale : recherches étiologiques de cette surdité, traitements de diverses pathologies, surveillance de ma pathologie auditive et dépistage d'une aggravation, ou de la survenue d'acouphènes, ou d'hyperacousie. Il conseillera dans ce cas de consulter à nouveau un ORL avec lequel il reste en relation. Des conseils de prévention me seront donnés aussi ainsi qu'à mon entourage, en fonction de notre mode de vie.
- une suite para-médicale : il s'assurera auprès de ses correspondants de l'importance du retentissement de cette surdité sur ma vie actuelle et me recommandera parfois de rencontrer un psychologue, un sophrologue, (surtout si j'ai des acouphènes). Il prescrira des bilans, rééducations et appareillage (si ce n'est pas fait par l'ORL) et s'assurera de la bonne poursuite des soins, et coordonnera ceux-ci.
- une suite sociale et administrative : s'il s'agit de mon médecin traitant déclaré, il déclenchera si besoin ma demande d'exonération du ticket modérateur (ALD « hors liste »), me conseillera et remplira mes documents MDPH si je peux en bénéficier. Il rentrera en contact avec mon médecin du travail pour s'assurer de mes conditions de travail et le cas échéant, de la possibilité de financement de mon appareillage par mon employeur, de la modification et l'adaptation de mon poste de travail voire de mon reclassement professionnel.
Si je suis scolarisé, il prendra contact de même avec le médecin scolaire ou universitaire.
Il me conseillera le cas échéant pour l'organisation de mes activités de loisirs (contre indications éventuelles, recommandations) et l'adaptation de mon cadre de vie.
Parfois, il me conseillera aussi de rencontrer une AS.
- Il s'assurera, au cours des visites régulières ultérieures, de mon bon équilibre auditif et de ma satisfaction, et veillera à ma bonne santé générale pour favoriser ou conserver mon « bien entendre ».
Source :JNA